MSS001 split 10’’ Jano / Loto Retina
220 copies — septembre 2025
offset, sérigraphie, bombe de peinture
17€ + frais de port
face A enregistrée et mixée par Jano
face B enregistrée par Loto Retina (extraits de live)
mastering par Anotine Nouel (Sound Love Studio)
image et sérigraphie par nadi
texte par Loïc Ponceau
bandcamp

« Je ne sais plus trop où Jano et moi nous sommes rencontré·x·s pour la première fois – à Bruxelles surement, ailleurs peut-être, je ne sais plus. Je me rappelle en tout cas la première fois que je l’ai écouté jouer « en direct », lors du festival Gofildren. Un graffiti signé d’une main est apposé sur une colonne du ZonneKlopper, à Bruxelles : 

the only good system is a soundsystem.

Je ne sais pas s’il est de son fait, mais pour moi, il parle de ellui à la perfection.

Avec Loto, le rapprochement fut d’abord dicté par une sidération commune, celle d’un génocide qui se dessinait déjà. Nous avons alors tenté tant bien que mal de nous extirper de la tétanie ensemble, de construire et sortir de notre tête. Et avec iel aussi seconde rencontre lors d’un concert, où je me suis trouvé pris par les pieds, incapable d’inspecter ce que j’entendais (ce qui est souvent un très bon augure), le corps endolori de s’être tant mu, après coup. Enfin en dehors de la torpeur.

Si je parle de tout cela, c’est que ce split inaugural pour my sleepy snail éditions me plonge à nouveau dans ces rencontres. J’aime passer du temps, discuter avec Jano et Loto (cela arrive plutôt rarement, mais n’empêche !) et ces six morceaux, qui se répondent avec tant de clarté, me parlent d’elleux sans fausseté. 

M’y plonger, c’est renouveler l’expérience de ces situations premières, m’abandonner encore une fois à une musique de danse évidente et directe, dense. Parce que nous dansons, mais la multitude des fragments, indomptés malgré les apparences, dansent aussi, voyez-vous.

Les manières d’emmêler et de ciseler, de nous mettre dedans pour ainsi dire, divergent. Pourtant, les récits sont étonnement proches. Loto rompt et joint frénétiquement, les idées fusent et entrent en collision, comme les textures. Mais iel ne se disperse pas et s’engouffre plutôt, en avant et dans la hâte, au sommet de son art martial sonore. Jano aime tirer sur la corde, faire durer, nous prendre pleinement – tapit dans le presque-fond du temps sans zèle, iel vient jouer avec nos ressentis d’êtres augmenté·e·s, recouvre les parois de notre nostalgie pour se jouer de nos stimuli-souvenir.

La synchronicité de ces rythmiques et échantillons, items indécis, est-elle machinique, jouée, altérée ? Cela a-t-il un sens ou une importance ? 

Dans tous les cas c’est carré mais rond, flottant et précis, jamais à côté.

On ne sait quel est le genre, quels doivent-être les mouvements ; le corps déborde et se libère enfin, comme les sons. Cette envie d’aller par-delà parle d’ici bas, elle est un combat de tous les instants, celui que ces deux êtres mènent sans cesse. »

Loïc Ponceau